Urgence de protéger la biodiversité, alertes multipliées aux espèces exotiques envahissantes…
À en écouter toutes les informations qui circulent, il semblerait que l’on doive se dédoubler pour protéger la nature au Québec et en Estrie. Un sentiment qui ne fait qu’aggraver l’écoanxiété que certains d’entre nous peuvent ressentir…
Et si certaines de ces thématiques étaient reliées ?
Et si l’on pouvait faire d’une pierre deux coups… très efficaces ?
En quelques mots, qu’est-ce que la biodiversité ?
D’après la plateforme Usito, la biodiversité est définie comme étant la « diversité des espèces, des gènes, des écosystèmes d’une région ou d’un milieu donné ». Cette définition est elle-même accompagnée d’une citation :
« Le concept de biodiversité représente la variété dans l’expression de la vie sur terre »
(Y. Aubry et J. Gauthier, 1995)
La biodiversité représente ainsi toutes les formes de vie retrouvées dans un endroit donné : la variété et le nombre d’animaux, de plantes, de micro-organismes, de champignons, etc. Mais ce n’est pas tout ! L’enchevêtrement de tous ces éléments forme des interactions, puis des écosystèmes qui font eux aussi partie de la biodiversité et de la nature telle qu’on la connaît.
C’est de ce fait cette biodiversité, dans toute son entièreté, qui nous fournit à nous, les humains, et à tout autre être vivant, tout ce dont nous avons besoin pour survivre : nourriture, eau, médicaments, refuges, etc. Elle représente ainsi un équilibre, une balance vitale à la vie sur Terre.
Les menaces pesant sur la biodiversité
C’est malheureusement bien connu de nos jours, la biodiversité souffre. Changements climatiques, étalement urbain, surconsommation des ressources, pollution, déforestation… Les causes de la diminution de la biodiversité sont multiples, et influent sur l’équilibre qu’elle représente.
Conséquences ? Certaines espèces voient leur nombre d’individus diminuer drastiquement voire s’éteignent, tandis que d’autres se déplacent, perturbant davantage un équilibre de plus en plus fragile. Cette perte de biodiversité compromet ses effets “protecteurs” contre les événements météo extrêmes, rendant l’ensemble du système encore plus vulnérable. Un cycle sans fin !
En 2022, un rapport de WWF fait d’ailleurs état d’une diminution de près de 69 % des populations de mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens depuis 1970 (WWF, 2022).
Pour couronner le tout, les humains ont une impressionnante capacité à se déplacer, et à transporter malgré eux toutes sortes d’espèces. La plupart d’entre elles, se retrouvant dans un tout nouvel environnement auquel elles ne sont pas adaptées, dépériront. D’autres cependant trouveront dans ces nouvelles contrées des conditions idéales pour leur développement et commenceront à s’y installer. Si, en plus, l’équilibre de l’écosystème de ce nouvel endroit est déjà précaire, il n’est que plus facile d’y creuser sa place, quitte à déloger quelques espèces indigènes de la région.
C’est ainsi que nous pouvons voir fleurir, aux quatre coins du Québec, des espèces venues d’autres régions dans le monde : renouée japonaise, phragmite, nerprun bourdaine, moule zébrée, myriophylle à épis, vivipares exotiques, etc. Vous l’aurez compris, les espèces exotiques envahissantes profitent allègrement du déséquilibre que subit en ce moment même notre biodiversité québécoise, et l’aggravent.
L’exemple de l’agrile du frêne :
Le frêne (Fraxinus sp.) était une espèce d’arbre fortement appréciée des municipalités, du fait de son feuillage imposant offrant de l’ombre et le peu d’entretien qu’il demande. Planté en grand nombre au Québec, il fut décimé dans de nombreuses municipalités par un insecte exotique envahissant : l’agrile du frêne (Agrilus planipennis).
Arrivé dans des emballages en bois au début des années 1990, cet insecte originaire d’Asie du Sud consomme et détruit 99 % des frênes sur son passage. Il a infligé aux municipalités n’ayant pas misé sur la diversité des espèces d’arbres plantées sur leur territoire de lourdes conséquences, entre autres financières (abattage, plantation, apparition d’îlots de chaleur, etc.).
Restaurer l’équilibre
Mais est-ce qu’une biodiversité en bonne santé diminuerait les risques d’installation des espèces exotiques envahissantes ?
La réponse est OUI ! Sans empêcher 100 % des envahissements d’espèces exotiques, conserver notre biodiversité et s’assurer que chaque espèce indigène ait sa place dans notre écosystème est un pas important dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. D’une pierre, deux coups !
Le plus beau cadeau que nous fait la biodiversité est sa résilience. Sa capacité à se rétablir après des perturbations… si on lui laisse le temps de récupérer. Conserver la biodiversité et protéger les espèces en danger et leurs habitats est une des solutions pour aider nos écosystèmes à mieux se porter, mais également à résister face aux envahissements.
Protéger la biodiversité québécoise, un geste accessible !
Il existe de nombreuses façons d’agir à son échelle pour participer à rééquilibrer la biodiversité et aider à protéger le monde vivant en péril. Voici une liste non exhaustive de petits gestes qui peuvent faire la différence pour la biodiversité ! Difficile de tout faire, mais certains gestes peuvent s’intégrer dans nos routines facilement. Il suffit de choisir lesquels !
Protéger la biodiversité dans son jardin :
—1. Préférer planter des espèces indigènes
De nombreuses plantes indigènes sont très esthétiques ! Vous pouvez même prioriser des espèces mellifères pour favoriser les pollinisateurs, ou des plantes à petits fruits pour passer des heures à regarder les oiseaux s’en nourrir…
—2. Installer des refuges à biodiversité
Hôtels à insectes, à grenouilles, à chauve-souris… De nombreuses idées d’aménagements pour nos espèces indigènes peuvent être retrouvées sur internet ! À vous de choisir votre petit favori.
—3. Entretenir sa propriété en faveur de la biodiversité
Tondre sa pelouse ou tailler sa haie à des moments spécifiques de l’année participe à respecter le cycle de vie de nombreuses espèces d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères. Les feuilles mortes sont également un refuge parfait pour les micro-organismes et petits animaux !
Protéger la biodiversité dans son assiette :
—4. Manger bio (idéalement local et de saison !)
L’agriculture biologique regroupe un ensemble d’actions favorables à la biodiversité : non–utilisation d’engrais ou de pesticides, protection de l’eau et des sols, promotion de la diversité des cultures formant des habitats importants pour la faune indigène, etc. Les aliments locaux et de saison diminuent les imports commerciaux, et ainsi, l’émission de gaz à effet de serre… qui ont des conséquences sur la biodiversité mondiale.
Protéger la biodiversité à la maison :
—5. Surveiller ses éclairages
La pollution lumineuse impacte grandement la biodiversité. Entre les insectes nocturnes trop attirés par la lumière, les oiseaux migrateurs désorientés et certaines plantes perturbées, c’est tout l’écosystème nocturne qui est impacté. Pensez à éteindre vos lumières ou à les orienter vers le sol !
—6. Consommer écoresponsable
La plupart des produits ménagers ou des cosmétiques contiennent des substances chimiques pouvant être nocives lorsqu’elles sont rejetées dans l’environnement. Optez pour les produits biodégradables, ou surveillez les taux de substances nocives (ex. : teneur en phosphore des lessives et savons) !
Protéger la biodiversité dans sa communauté :
—7. S’impliquer dans sa municipalité
Il est toujours possible pour les citoyens de demander à sa municipalité et aux organismes de sa région d’agir plus pour la biodiversité. Dans ce but, le CRE Estrie a mis en place une résolution d’engagement sur la préservation de la biodiversité. Tout est pré-écrit, il ne reste plus qu’à la signer et la faire appliquer !
—8. Participer aux sciences citoyennes
Pour contribuer à sauver la biodiversité, il suffit de l’observer ! De nombreux programmes de sciences participatives vous permettent de partager vos découvertes afin d’améliorer les connaissances sur les écosystèmes. Ces plateformes ne sont pas réservées aux connaisseurs ! Tout le monde peut participer.
En voici quelques–unes : inaturalist, ebird, etick, ipêche, carapace.ca
—9. Respecter la nature
Lors de nos sorties en plein air, il est important de se faire le plus discret possible, de rester sur les sentiers et de ramasser nos déchets derrière nous. Qui sait ? Peut-être qu’un porc épique dort au-dessus de nos têtes, qu’une grenouille des bois est tapie sous les feuilles, ou qu’une famille de renards attend notre passage pour retourner jouer dans la forêt ?
De nombreux autres gestes existent pour préserver la biodiversité au Québec et même dans le monde ! On peut parler de diminuer sa consommation de viande, consommer varié, moins utiliser de plastique, trier ses déchets, etc.
Alors, avez-vous trouvé quel geste vous pouvez faire pour participer à rétablir l’équilibre de notre biodiversité ?
Références
Gouvernement du Canada (2024). Agrile du frêne. Canada.ca.
Gouvernement du Canada (2024). Agrile du frêne (fiche d’information). Canada.ca.
National geographic (2024). Biodiversity. National geographic.
Usito (2024). Biodiversité. Université de Sherbrooke.
WWF (2024). What is biodiversity? Why it’s under threat and why it matters. World wildlife.